27 avril 1761 (4) : Les sœurs Planström : déposition Guay :
[En marge : 23e [témoin], r[écolé], c[onfronté] a la d[am]e de Pelletot seulement. Inutil[e] au s[ieu]r de Bragelongne, ouy dire] Claudine Guay, fille, agée de vingt six ans, demeurante a Paris, rue Meslay, paroisse Saint Nicolas des Champs [...] depose [...] qu'elle a entendu dire que la dame de Pelletot vit en adultere avec led[it] s[ieur] de Bragelogne ; qu'il y a dix a douze jours, lad[ite] dame de Pelletot vint chez la dame Capon [cf. 13 juillet 1761 (3)], ou demeure la deposante, fit beaucoup de plaintes contre son mary, dit qu'il avoit toujours eu de très mauvaises façons pour elle, qu'il la laissoit manquer de tout et raccrochoit dans les rues de miserables filles qui portoient l'inventaire pour s'amuser avec elles, ce qu'il l'a obligé a se separer d'avec luy, qu'ensuitte parlant du s[ieur] de Bragelogne avec lequel elle demeuroit, elle fit pareillement beaucoup de plaintes, disant que quoi qu'il eut reçu deux mille ecus pour elle, il la laissoit manquer de linge, qu'elle n'avoit que la chemise qu'elle portoit sur le corps parce que depuis deux mois, il ne luy donnoit pas un sol pour retirer son linge du blanchissage, que c'etoit un coquin, un indigne, et un malheureux, qu'elle voudrait qu'ils regularisent leurs comptes ensemble, et qu'il lui rendit ce qu'il avoit reçu pour elle au [...] qu'il luy avoit fourny, que cependant elle le regarderoit toujours comme un de ses amis, parce qu'on ne pouvoit hair ce qu'on avoit aimé, qu'elle ne demanderoit pas mieux que de retourner avec son mary, mais qu'elle craindroit qu'elle ne lui joue quelques tours pour attenter a sa vie comme il a pu le faire autrefois, parce qu'elle savoit qu'il etoit traitre ; que le meme jour le domestique de Bragelogne vint chercher lad[ite] dame de Pelletot chez lad[ite] dame Capon, et dit a la deposante que c'etoit une folle et une extravagante qui avoit de tems en tems des crises ; que le surlendemain laditte dame Capon reçut une lettre de la dame de Pelletot, et que tout ce que la deposante en avoit entendu dire, c'est qu'elle y marquoit qu'on vouloit la brouiller avec son protecteur, que d'ailleurs la deposante a entendu dire que led[it] sieur de Bragelogne etoit un homme de fort mauvaises mœurs, et qu'elle meme l'a traitté de coquin sur ce qu'il se vantoit d'avoir fait pendre un de ses domestiques pour six francs [...] [N'a requis salaire] (AN, Y 10237, dossier Planström, pièce 1).
L'information se poursuit avec la déposition de Suzanne Guillermé, femme Desalle (cf. 29 avril 1761 (1)). Le 20 novembre, lors du récolement, Claudine Guay ne modifiera rien de sa déposition (AN, Y 10237, dossier Planström, pièce 20). Le même jour, lors de la confrontation avec la demoiselle de Planström : L'accusée a dit pour reproches que la temoin a eté subornée par la fille Mesnard, couturiere, ainsy que par led[it] sieur Pelletot, son accusateur, et par le s[ieu]r Belcourt, son pretendu gendre, n'a proposé d'autres reproches. La temoin a denié le reproche comme faux et a soutenu n'avoir eté suborné ny par la fille Mesnard, ni par lesd[its] s[ieu]rs Pelletot et de Belcourt, qu'elle a vû un jour led[it] s[ieu]r de Belcourt parler avec mad[am]e Capon, mais qu'il n'a pas parlé à elle, temoin. [Lecture déposition et récolement] L'accusée dit que la deposition de la temoin n'est pas de vray, qu'elle n'a jamais dit que son mary racrochoit, mais qu'elle a dit qu'il avoit vecu avec une femme portant inventaire, laquelle est en etat de prouver, qu'il est vray qu'elle a decalré qu'elle craignoit pour sa vie apres les procedés que son mary avoit eu pour elle, qu'il est faux qu'elle aye dit que le s[ieu]r de Bragelonne etoit un coquin, et qu'elle ne pouvoit le haïre parce qu'elle l'avoit aimé ; et que jamais elle n'a eu aucun commerce criminel avec le s[ieu]r de Bragelonne (AN, Y 10237, dossier Planstrom, pièce 21). Claudine Guay ne sera pas confrontée au comte de Bragelongne (AN, Y 10237, dossier Planström, pièce 20).
Abréviation
AN : Archives nationales.
Courcelle (Olivier), « 27 avril 1761 (4) : Les sœurs Planström : déposition Guay », Chronologie de la vie de Clairaut (1713-1765) [En ligne], http://www.clairaut.com/n27avril1761po4pf.html [Notice publiée le 13 avril 2012].
L'accusée a dit pour reproches que la temoin a eté subornée par la fille Mesnard, couturiere, ainsy que par led[it] sieur Pelletot, son accusateur, et par le s[ieu]r Belcourt, son pretendu gendre, n'a proposé d'autres reproches.
La temoin a denié le reproche comme faux et a soutenu n'avoir eté suborné ny par la fille Mesnard, ni par lesd[its] s[ieu]rs Pelletot et de Belcourt, qu'elle a vû un jour led[it] s[ieu]r de Belcourt parler avec mad[am]e Capon, mais qu'il n'a pas parlé à elle, temoin.
[Lecture déposition et récolement]
L'accusée dit que la deposition de la temoin n'est pas de vray, qu'elle n'a jamais dit que son mary racrochoit, mais qu'elle a dit qu'il avoit vecu avec une femme portant inventaire, laquelle est en etat de prouver, qu'il est vray qu'elle a decalré qu'elle craignoit pour sa vie apres les procedés que son mary avoit eu pour elle, qu'il est faux qu'elle aye dit que le s[ieu]r de Bragelonne etoit un coquin, et qu'elle ne pouvoit le haïre parce qu'elle l'avoit aimé ; et que jamais elle n'a eu aucun commerce criminel avec le s[ieu]r de Bragelonne (AN, Y 10237, dossier Planstrom, pièce 21). Claudine Guay ne sera pas confrontée au comte de Bragelongne (AN, Y 10237, dossier Planström, pièce 20).