29 avril 1761 (1) : Les sœurs Planström : déposition femme Desalle :
[En marge : 24e [témoin], r[écolé], c[onfronté] aux deux [accusés]] Suzanne Guillermé, agée de trente ans, epouse du s[ieur] Pierre de Salle [cf. 29 avril 1761 (2)], bourgeois de Paris, y demeurante cul de sac de l'Oratoire p[aroi]sse S[ain]t Germain l'Auxerrois [...] depose [...] qu'au mois de decembre de l'annee d[erniè]re, on proposa a la deposante et a son mary d'entrer au service du s[ieur] de Bragelogne, lui sur le pied de valet de chambre a raison de quatre cens livres par an, et elle sur le pied de femme de chambre a raison de cinquante ecus par an, qu'ils acceptèrent ces offres et que comme led[it] s[ieur] de Bragelogne, qui etoit alors logé rue de Grenelle vis a vis la fontaine, n'avoit pas assé de logement dans son apartement pour les y coucher, il leur louoit une chambre chez les m[archan]d de vin voisin au premier etage ou il fit mettre un lit et quelques mauvais meubles, que dès les premiers jours, il leur dit qu'au lieu des apointements qu'il leur avoit promis, comme il se faisoit journellement chez lui une partie de jeu de commerce, il leur abandonneroit le huitieme du benefice, en leur faisant entendre que cela iroit beaucoup plus haut que leurs gages ; que des les premiers jours la deposante s'est apercue de l'intrigue d'entre led[dit] s[ieur] de Bragelogne et lad[ite] d[am]e de Pelletot ; que le s[ieur] de Bragelogne ayant demandé à la deposante la clef de sa chambre pour y aller avec lad[ite] d[am]e de Pelletot, et la deposante s'etant douté que c'etoit point pour y faire le tracas de polichinelle, elle l'avoit dit a son mary, en sorte que les ayant suivis un instant après, elle, son mary, et le nommé Carillon [cf. 4 avril 1761 (1)], ils avoient vu au travers d'une fente qui etoit a la porte la dame de Pelletot couchée sur le milieu du lit, les jupes levées, et le sieur de Bragelogne monté sur elle, ayant ses culottes bas, qui l'exp[...]toit ; que le s[ieu]r de Bragelogne lui a encore demandé deux autres fois la clef de sa chambre pour y aller avec lad[ite] dame de Pelletot et que quoi qu'elle ne les ait pas suivy cette fois la, elle se doute bien que c'etoit pour y faire la meme chose ; que la dame de Pelletot a paru a la deposante avoir beaucoup de haine contre son mary, la traittant de coquin, de selerat, de voleur qui lui avoit mangé son bien, l'accusant d'avoir voulu l'empoisonner et d'avoir plusieurs fois attenté a sa vie, qu'elle a fait tirer les cartes a la deposante et que la deposante, quand c'etoit une carte noire, lui disant que cela signiffioit du deuil, elle sautoit de joie et disoit que si quelqu'un venoit lui apprendre la mort de son mary, elle luy donneroit de bon cœur vingt louis d'or ; qu'elle a entendu dire a la dame de Pelletot que les meubles qui etoient dans l'appartement de la rue de Grenelle lui appartenoient ; qu'elle a aussy entendu dire qu'elle avoit assuré une rente a la fille du sieur de Bragelogne ; que led[it] s[ieur] de Bragelogne étant venu voir la deposante et son mary dans leur appartement cul de sac de l'Oratoire, qu'ils avoient toujours conservés et ayant reconnû qu'ils etoient assez bien meublés, avoit voulu les engager a luy remettre leurs meubles en leur promettant de leur faire leur fortune, mais qu'ayant été instruits du tour qu'il avoit joué à la d[am]e Courbon, qu'il avoit fait mettre a l'hopital après lui avoir tout mangé, ils s'etoient bien donné de garde de se fier a ses promesses ; que la partie de commerce que led[it] s[ieur] de Bragelogne s'etoit proposé de [...] n'ayant pas reussy parce que les personnes qui y venoient diner s'en retournoient sans jouer, il voulut changer cette partie de commerce en un jeu de pharaon, mais que le mary de la deposante, sentant les consequences du jeu deffendû jugea a propos de se retirer quoy que le s[ieur] de Bragelogne lui dit qu'il se moquoit des deffenses, encore qu'il n'y ont resté que seize jours, et comme ils n'avoient eû presque aucun benefice luy demandant le payement de leurs gages sur le premier prix convenu, led[it] sieur de Bragelogne sauta sur luy et voulut lui enfoncer son epée dans le corps, si la deposante et le sieur abbé de Sevrac [cf. 10 décembre 1761 (2)] ne fussent survenus, et qu'il l'a forcée dans ce moment de lui donner une decharge generale ; qu'après etre sorty de chez led[it] s[ieur] de Bragelogne, lad[ite] d[am]e de Saint Aubin luy a dit qu'il avoit voulu forcer un jeune laquais qui etoit a son service, et etant venu chez elle, avoit commencé par lui mettre la main dans sa culotte ; qu'elle a entendu raconter a lad[ite] Suzette [Suzanne Hussenot, cf. 26 mars 1761 (1)] la scene qu'elle avoit eue avec led[it] s[ieur] de Bragelogne en sortant de chez la dame de Pelletot [...] [A requis salaire taxé trois livres] (AN, Y 10237, dossier Planström, pièce 1).
L'information se poursuit avec la déposition de Pierre Desalle (cf. 29 avril 1761 (2)). Le 23 septembre, lors du récolement, Suzanne Guillermé ne modifiera rien de sa déposition (AN, Y 10237, dossier Planström, pièce 20). Le même jour, lors de la confrontation avec la demoiselle de Planström : [Aucun reproche] [Lecture déposition et récolement] L'accusée a dit que la deposition de la temoin est remplie d'horreurs et de calomnies, et qu'elle repond de même qu'elle a repondu a la deposition du mary de la temoin (AN, Y 10237, dossier Planstrom, pièce 21). Le même jour, lors de la confrontation avec le comte de Bragelongne : L'accusé a dit pour reproches que si la temoin est la femme du nommé Desalle, elle etoit d'intelligence avec son mary et de l'insulte qu'il luy fit, n'a proposé d'autres reproches. La temoin a denié le reproche en disant qu'elle n'a pas de connoissance que son mary ayt insulté l'accusé. [Lecture déposition et récolement] L'accusé a dit que toute la deposition de la temoin est fausse, observe qu'a l'egard du jeu de pharaon, c'est le mary de la temoin qui luy même a été chez des banquiers pour luy proposer de tenir le jeu public de pharaon se reservant a declarer le nom des banquiers chez lesquels le mary de la temoin a dit avoir eté et qui avoient dit qu'ils consentoient à tenir la banque chez l'accusé, ce que luy, accusé, a refusé (AN, Y 10237, dossier Planström, pièce 22). Le témoin est également évoqué dans le factum du comte de Bragelongne (cf. [Décembre] 1762 (2)) et celui de la demoiselle de Planström (cf. [Décembre] 1762 (1)).
Abréviation
AN : Archives nationales.
Courcelle (Olivier), « 29 avril 1761 (1) : Les sœurs Planström : déposition femme Desalle », Chronologie de la vie de Clairaut (1713-1765) [En ligne], http://www.clairaut.com/n29avril1761po1pf.html [Notice publiée le 15 avril 2012].
[Aucun reproche]
[Lecture déposition et récolement]
L'accusée a dit que la deposition de la temoin est remplie d'horreurs et de calomnies, et qu'elle repond de même qu'elle a repondu a la deposition du mary de la temoin (AN, Y 10237, dossier Planstrom, pièce 21). Le même jour, lors de la confrontation avec le comte de Bragelongne :
L'accusé a dit pour reproches que si la temoin est la femme du nommé Desalle, elle etoit d'intelligence avec son mary et de l'insulte qu'il luy fit, n'a proposé d'autres reproches.
La temoin a denié le reproche en disant qu'elle n'a pas de connoissance que son mary ayt insulté l'accusé.
[Lecture déposition et récolement]
L'accusé a dit que toute la deposition de la temoin est fausse, observe qu'a l'egard du jeu de pharaon, c'est le mary de la temoin qui luy même a été chez des banquiers pour luy proposer de tenir le jeu public de pharaon se reservant a declarer le nom des banquiers chez lesquels le mary de la temoin a dit avoir eté et qui avoient dit qu'ils consentoient à tenir la banque chez l'accusé, ce que luy, accusé, a refusé (AN, Y 10237, dossier Planström, pièce 22). Le témoin est également évoqué dans le factum du comte de Bragelongne (cf. [Décembre] 1762 (2)) et celui de la demoiselle de Planström (cf. [Décembre] 1762 (1)).