26 septembre 1766 (1) : Lalande (Bourg-en-Bresse) écrit au Journal encyclopédique :
Dans une lettre que vous avez publiée [cf. [c. juin] 1766 (2)], Messieurs, au sujet de M. Clairaut, l'on m'a fait des reproches d'avoir été l'approbateur d'un livre [(Savérien 66), cf. [c. juin] 1766 (1)] où ce grand géomètre n'est pas traité aussi bien qu'il méritait de l'être : l'attachement que j'ai eu pour sa personne, et le respect que j'ai pour sa mémoire m'ont rendu très sensible à ce reproche, et je me crois obligé de m'en justifier. Je remarquerai d'abord que le livre de M. Savérien ne contenant l'éloge que de trois ou quatre géomètres de la première force avec ce titre : notice des plus célèbres auteurs dans les sciences exactes, on ne peut soupçonner l'auteur d'avoir fait peu de cas de M. Clairaut. Pour moi, je fus flatté de retrouver cet illustre ami dans le catalogue peu nombreux des géomètres que l'auteur destinait à l'immortalité ; j'y vis l'éloge de son génie prématuré, de ses découvertes, de ses ouvrages principaux, de son bon cœur, de ses divers talents, faits avec un air de naïveté qui paraissait exclure toute emphase, et qui ne laissait soupçonner aucun venin. Je ne fis pas assez d'attention à un article de la dernière page, où M. Savérien parle des tables de la Lune de M. Clairaut [C. 412] : je n'aurais point approuvé cet article, parce que l'on pouvait en conclure que ces tables étaient moins bonnes que celles de M. Mayer, et qu'il s'était attendu à une récompense qui lui fut refusée, ce qui n'est point exact, comme on l'a très bien remarqué dans la lettre dont il s'agit. On a eu raison d'observer aussi que M. Savérien a mis trois mois au lieu d'un, en parlant du retard de la comète de 1759 par rapport aux calculs de M. Clairaut. Mais une pareille méprise échappe facilement à un censeur qui n'est point chargé de vérifier les articles du livre qu'il examine, ni de répondre de l'exactitude de tous les détails. Au reste, quand on examinera cette notice avec impartialité, l'on n'y trouvera point que M. Clairaut soit réduit au mérite d'un simple calculateur, comme on l'a prétendu. C'eût été une injustice manifeste qui ne m'eût point échappé, à moi surtout, l'ami de Monsieur Clairaut, son admirateur, son ancien disciple. Quoi qu'il en soit, Messieurs, j'ai profité avec plaisir de cette occasion pour rendre hommage au mérite et à la mémoire de cet illustre académicien, que je regrette plus que personne, et pour qui j'ai marqué mon respect et mon attachement, sans ménagement pour ceux qui pouvaient s'en offenser, et dans toutes les circonstances que j'ai pu rencontrer. J'ai l'honneur d'être, etc. À Bourg-en-Bresse, le 26 septembre 1766 (Journal encyclopédique, octobre 1766, pp. 129-131).
La lettre de Lalande est également publiée par le Mercure de France, octobre 1766, pp. 61-63.
Abréviation
C. 412 : Clairaut (Alexis-Claude), Théorie de la Lune, déduite du seul principe de l'attraction réciproquement proportionnelle aux quarrés des distances, seconde édition à laquelle on a joint des Tables de la Lune, construites sur une nouvelle révision de toutes les espèces de calculs dont leurs équations dépendent, Paris, Dessaint et Saillant, (mars) 1765, in-4°, viii-162 p., 1pl [Télécharger] [5 septembre 1764 (2)] [(7 novembre) 27 octobre 1737 (1)] [15 novembre 1747 (1)] [Plus].
Référence
Savérien (Alexandre-Julien), Histoire de l'esprit humain, dans les sciences exactes et dans les arts qui en dépendent, vol. 1, Paris, 1766 [13 mai 1713 (1)] [4 août 1745 (1)] [Plus].
Courcelle (Olivier), « 26 septembre 1766 (1) : Lalande (Bourg-en-Bresse) écrit au Journal encyclopédique », Chronologie de la vie de Clairaut (1713-1765) [En ligne], http://www.clairaut.com/n26septembre1766po1pf.html [Notice publiée le 12 mai 2013].