Alexis Clairaut (1713-1765)

Chronologie de la vie de Clairaut (1713-1765)


19 janvier 1750 (1) : Clairaut (Paris) écrit à Euler :
Monsieur,

Il s'est écoulé un temps si considérable depuis votre dernière lettre [perdue NDM] que je suis véritablement honteux d'avoir tant tardé à vous répondre. Ce n'est cependant pas négligence de ma part, car je suis trop flatté de votre commerce pour négliger de l'entretenir. Mais des obstacles sans nombre m'ont successivement empêché d'avoir l'honneur de vous écrire. J'ai commencé par vouloir examiner bien sérieusement l'article de votre lettre où vous me marquiez votre nouvelle manière de considérer l'orbite de la Lune de laquelle vous tiriez encore la même conclusion par rapport à l'apogée. Cet examen m'a tenu quelque temps parce qu'une sorte de force d'inertie m'empêche toujours de quitter facilement mes idées pour suivre les idées des autres. Après avoir épluché votre démonstration sans voir ce qui peut être la cause de la différence de nos résultats, j'ai remis ma réponse au temps où votre pièce sur Saturne [pour les prix, cf. 6 septembre 1749 (2)] me devait tomber entre les mains pour avoir plus de moyens de nous mettre d'accord. La pièce m'est venue fort tard, une indisposition et des affaires étrangères aux études ont encore reculé cet examen. Et après tout ce long délai, je me trouve obligé d'avouer que je ne suis pas encore plus à portée de vous entretenir de votre méthode. Et je serai aussi embarrassé comment rompre le silence si le volume de 1745 qui paraît depuis assez de temps pour être à Berlin ne m'en offrait pas un moyen bien simple, en vous demandant votre avis sur mes recherches qui vous coûteront peu de peine à examiner. Quoique je n'aie pas donné le moyen par lequel je me suis redressé sur l'article de l'apogée, il suit assez clairement de ce que j'ai dit pour qu'un géomètre exercé le trouve facilement. Surtout après ce que j'ai eu l'honneur de vous mander [cf. 21 juillet 1749 (1)].

Je viens de voir un programme du prix de votre ancienne Académie de Pétersbourg qui m'a paru bien fait [cf. 15 juillet 1749 (1)]. Ils proposent une question fort intéressante. Mais ont-ils actuellement des juges capables de discerner la vraie solution du problème qu'ils demandent [Euler s'y emploie, cf. 3 janvier 1750 (1)]. Mandez-moi ce que vous pensez de l'état présent de cette compagnie et dites moi franchement si ce n'est pas à vous qu'ils doivent un si beau sujet. Ce qu'ils auraient de mieux à faire c'est de vous consulter et de se faire conduire par vous.

Je suis avec l'estime la plus sincère, Monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur Clairaut.

Paris, 19 janvier 1750 (O IVA, 5, pp. 191-192).
La réponse d'Euler est perdue.

Clairaut réécrit à Euler le 19 mars (cf. 19 mars 1750 (1)).
Abréviation
  • NDM : Note de moi, Olivier Courcelle.
Référence
  • Euler (Leonhard), « Correspondance de Leonhard Euler avec A. C. Clairaut, J. d'Alembert et J. L. Lagrange », Leonhardi Euleri Opera Omnia, IV A, vol. 5, Ed. Juskevic A. P. et Taton R., Birkäuser, Basel, 1980 [4 mars 1739 (1)] [16 mai 1739 (1)] [Plus].
Courcelle (Olivier), « 19 janvier 1750 (1) : Clairaut (Paris) écrit à Euler », Chronologie de la vie de Clairaut (1713-1765) [En ligne], http://www.clairaut.com/n19janvier1750po1pf.html [Notice publiée le 23 août 2010].