7 décembre 1761 (1) : Clairaut (Paris) écrit à Gottlieb Emanuel von Haller :
J'espère, Monsieur, que vous n'attribuerez pas la lenteur de cette réponse ni au défaut d'attachement pour vous, ni à l'envie d'user de représailles. J'ai été charmé de recevoir de vos nouvelles et ne vous ai point su mauvais gré d'avoir été si longtemps à m'en donner, parce que j'ai bien compris qu'un retour chez vous après une absence un peu longue devait vous avoir occasionné beaucoup d'affaires. Celles dont vous me parlez doit surtout avoir augmenté vos occupations. Je vous fait mon sincère compliment sur l'acquisition que vous avez faite et je ne doute point qu'elle augmente votre bonheur ; vous êtes fait pour en procurer et par conséquent pour en ressentir. Il y a déjà longtemps que je me propose de jour en jour de vous dire combien je prends de part à cet événement, mais le temps s'est écoulé malgré moi, par une affluence de choses à finir que je n'ai pu surmonter que depuis très peu. Ce sont mes premiers moments de repos que je vous donne et je ne puis pas les employer plus agréablement qu'en vous disant que j'ai été et je serai toujours fort rempli de votre souvenir, et qu'on se saurait vous être plus attaché que je le suis. Mademoiselle Gouillé [Mlle Gouilly, cf. [c. juin] 1757 (2)] vous remercie fort de ce que vous me dites pour elle, et nous aurions bien envie l'un et l'autre d'aller vous féliciter nous-mêmes, ainsi que Mlle Schultess ou Mme Haller, à qui nous vous prions de dire mille choses pour nous: La guerre ne nous permet pas d'être en état d'ici à quelques années d'exécuter notre projet. J'ai dit dans notre journal [Journal des sçavans, cf. 19 novembre 1755 (1)] les espérances que vous nous donnez et l'on y a été fort sensible. Tout sera bien reçu de votre part, dans quelques temps qu'il vienne. Les autres amis que vous avez laissés ici et dont vous faites mention sont fort sensibles à votre souvenir. Mais vous n'en avez point qui soit plus éloigné de vous oublier que celui qui est avec attachement [votre humble et obéissant serviteur] Clairaut (Burgerbibliothek Berne, Ms h.h. III 181, ff. 123-124) (Élisabeth Badinter, CP, 28 septembre 2000).
C'est la seule pièce connue de la correspondance entre les deux hommes (cf. Haller).
Abréviation
CP : Communication personnelle.
Courcelle (Olivier), « 7 décembre 1761 (1) : Clairaut (Paris) écrit à Gottlieb Emanuel von Haller », Chronologie de la vie de Clairaut (1713-1765) [En ligne], http://www.clairaut.com/n7decembre1761po1pf.html [Notice publiée le 5 février 2012].