Le dimanche il me conduisit avec M. de Maupertuis à l'église de Sainte-Claire pour y faire voir l'office luthérien ; Le célébrant avait une chasuble, au dos de laquelle était un crucifix brodé en argent ; ils chantèrent en suédois Gloria in excelsis, Credo, Sanctus, et le Pater ; plusieurs personnes communièrent, s'en retournèrent très dévotement et paraissaient fort recueillies. Leur chant accompagné par l'orgue me parut beau ; pendant la prédication un bedeau portait une longue canne, et frappait sur la tête de ceux qui dormaient : ils recueillent aussi les aumônes pour l'église, dans une bourse qu'ils avancent dans la foule au bout d'une longue canne. Nous avons été un autre jour voir l'office des Grecs schismatiques moscovites, dans une chapelle qu'on leur permet d'avoir à Stockholm. Il n'y avait qu'une quinzaine d'assistants, entre autres un jeune homme qui parlait fort bien le français ; il nous a fait entrer dans le sanctuaire qu'on ferme. En entrant dans la chapelle ils font un nombre prodigieux d'inclinations aux Saintes Images et aux autres assistants, et après chaque inclination un signe de croix. Il y a toujours un grand feu dans des réchauds ; le célébrant encense souvent ; il se sert d'eau chaude pour mettre avec le vin dans le calice. Leur chant est très singulier ; ils répètent certains mots avec précipitation jusqu'à perte d'haleine, comme si nous répétions coup sur coup Deo gratias, Deo gratias, Deo gratias, Deo gratias. Ils font leurs cérémonies maussadement. Le célébrant se mouche quelquefois avec ses doigts : ils ont au reste une contenance fort dévote (Outhier 44, pp. 21-22).
Courcelle (Olivier), « 27 mai 1736 (1) : Stockholm », Chronologie de la vie de Clairaut (1713-1765) [En ligne], http://www.clairaut.com/n27mai1736po1pf.html [Notice publiée le 10 septembre 2007].
