Alexis Clairaut (1713-1765)

Chronologie de la vie de Clairaut (1713-1765)


24 mai [1762] : Clairaut (Paris) écrit à Rousseau :
Monsieur,

Je viens de recevoir votre ouvrage [l'Émile, cf. [16 mai 1762]] et je me hâte de vous remercier du plaisir qu'il m'a déjà fait par ce que j'en [ai] lu, qui consiste dans la plus grande partie du troisième volume. J'ai dévoré toute la profession de foi du vicaire savoyard, et j'en ai été touché comme son jeune ami. Je ne sais encore rien de votre plan, mais je ne puis douter que vous ne marchiez directement à votre but et que vous ne semiez d'excellents principes dans de jeunes têtes puisqu'une vieille âme comme la mienne se sent déjà améliorée par la lecture du morceau si beau et si intéressant que je viens de citer. Vous trouverez peut-être étrange que j'ai commencé par votre 3e volume, la raison en est celle ci : Un ami qui était chez moi quand votre livre y est arrivé, et avant que j'y fusse moi-même, s'est emparé du p[remie]r volume. J'ai par hasard pris le 3e pour le second, et je n'ai pu le quitter que pour vous dire l'impression forte qu'il a faite sur moi. Elle n'est égalée que par l'estime et le respect que vous m'avez inspiré depuis longtemps. Clairaut. Paris, ce 24 mai

À Monsieur / Monsieur Rouseau / à Montmorency (Rousseau 65-98, vol. 10, pp. 286-287).
[L'explication de Clairaut] ne paraît guère convaincante. En réalité, il semble que le bruit ait couru que le livre contenait un morceau de bravoure sensationnel, et les les lecteurs se sont jetés dessus, sans beaucoup s'occuper de la place qu'il occupait dans l'économie générale de l'ouvrage (NDE).

Rousseau, dans ses Confessions :
L'Émile parut enfin [...]. D'Alembert, qui m'écrivit que cet ouvrage décidait de ma supériorité et devait me mettre à la tête de tous les gens de lettres, ne signa point ses lettres, quoiqu'il eût signé toutes celles qu'il m'avait écrites jusqu'alors. Duclos, ami sûr, homme vrai, mais circonspect, et qui faisait cas de ce livre évita de m'en parler par écrit ; La Condamine se jeta sur la profession de foi, et battit la campagne ; Clairaut se borna dans sa lettre au même morceau ; mais il ne craignit pas d'exprimer l'émotion que sa lecture lui avait donnée et il me marqua en propre terme que cette lecture avait réchauffé sa vieille âme ; de tous ceux à qui j'avais envoyé mon livre, il fut le seul qui dit hautement et librement à tout le monde tout le bien qu'il en pensait (Rousseau 59-96, vol. 1, pp. 573-574).

Cette lettre de Clairaut est la première des trois pièces connues de la correspondance entre les deux hommes.

Rousseau écrit à Clairaut le 3 mars 1765 (cf. 3 mars 1765 (1)).
Abréviation
  • NDE : Note de l'éditeur.
Référence
Courcelle (Olivier), « 24 mai [1762] : Clairaut (Paris) écrit à Rousseau », Chronologie de la vie de Clairaut (1713-1765) [En ligne], http://www.clairaut.com/n24maico1762cf.html [Notice publiée le 5 février 2012].