17 novembre 1747 (1) : Cramer (Paris) écrit à Jallabert :
L'Académie r[oyale] des sc[iences] fit sa rentrée publique d'après la S[ain]t Martin le mercredi 15e de nov[embre] [cf. 15 novembre 1747 (1)]. La salle étoit extremement remplie. M[onsieu]r de Fouchi secretaire perpetuel de l'Acad[émie] ouvrit la séance par l'eloge de la Peyron[n]ie premier chirurgien du Roi. [...] Après cet eloge M[onsieu]r Clairaut lut un memoire [C. 33], où après avoir exposé la révolution qu'avoient fait dans la physique les decouvertes de Mr Newton sur le systeme du monde et sur la pesanteur, il fit sentir que les difficultés qui regnent dans le 3e livre de cet autheur avoient empêché la plupart des philosophes de l'etudier avec soin, et qu'on avoit ordinairement reçu les conclusions de M. Newton sur sa parole sans trop examiner si elles étoient bien liées avec le principe. Que pour lui aiant eu l'occasion de chercher quel étoit en general l'effet de la gravitation de trois ou plusieurs corps les uns sur les autres, et d'appliquer ce problème aux irrégularités de la Lune, il avoit trouvé qu'elles s'expliquoient toutes fort bien par la supposition de la pesanteur reciproque aux quarrés des distances, excepté le mouvement de l'apogée, qui, dans cette hypothèse, devroit être de 18 ans, au lieu que par les observations il est incontestablement de 9 ans. Il a ajouté qu'il a cru d'abord que ce résultat de ses calculs refutoit invinciblement l'attraction, mais qu'y aiant mieux reflechi, il croit qu'elle se peut encore soutenir, en supposant que la pesanteur au lieu d'etre proportionelle à 1/xx est proportionelle à 1/xx+ n/x3 ou à 1/xx+n/x4, etc. selon que les observations bien éxecuté[e]s le décidéront. Il a fait remarquer que cette nouvelle loi peut servir à expliquer bien des phénomenes parce qu'à de très petites distances le terme 1/xx disparoit auprès du terme n/x3 ou n/x4 etc au lieu qu'à de très grandes distances, n/x3 ou n/x4 etc. ne sont rien en comparaison de 1/xx. Il a rapel[l]é, ce qu'il a demontré dans sa theorie de la Terre, que la diminution du pendule sous l'equateur ne s'acordoit pas bien avec la figure de la Terre, telle que la trouvent les observations, et il croit que cette contradiction pourra se sauver par la nouvelle loi. Il a enfin fini par annoncer qu'il travaille a des tables des mouvemens de la Lune, calculées par sa théorie, dont il espère que la precision et l'exactitude pourront servir beaucoup à la resolution du fameux probleme des longitudes (BGE, SH 242, f. 69).
Courcelle (Olivier), « 17 novembre 1747 (1) : Cramer (Paris) écrit à Jallabert », Chronologie de la vie de Clairaut (1713-1765) [En ligne], http://www.clairaut.com/n17novembre1747po1pf.html [Notice publiée le 28 mai 2010].