Alexis Clairaut (1713-1765)

Chronologie de la vie de Clairaut (1713-1765)


12 septembre 1761 (1) : Les sœurs Planström : interrogatoire Bragelongne (I) :
Decret comm[issai]re Duruisseau

Du samedy 12 [septem]bre 1761

Fait venir de sa prison du Grand Chatelet Jean Baptiste comte de Bragelonne ci devant mousquetaire du Roy agé de quarante un ans, natif de Paris, y demeurant rue de Limoges, apres serment.

Interrogé s'il y a longtemps qu'il connoit la dame de Pelletot
A dit qu'il la connu[e] a la relation de madame de Bragelonne son epouse, il y a aux environs de deux ans.

Si quand il a fait la connoissance de la d[am]e de Pelletot, elle ne demeuroit pas dans la rue de la Comedie Francoise
A dit que ouy.

Dans quel endroit il a vû pour la premiere fois la d[am]e de Pelletot
A dit chez la d[am]e de Servandoni et la d[emoise]lle de [Beuclair] autant qu'il peut se le rappeller.

S'il n'a pas accompagné lad[ite] d[am]e de Pelletot jusque en sa demeure, rue de la Comedie françoise, la premiere fois qu'il a fait sa connoissance chez le d[emoise]lle de Beuclair
A dit qu'il a accompagné deux ou trois fois la d[am]e de Pelletot jusqu'en sa demeure rue de la Comedie Françoise, et luy a donné la main comme il la donneroit à une autre dame, mais qu'il ne croit pas l'avoir accompagné chez elle la premiere fois qu'il en fait la connoissance.

S'il ne monta pas avec la d[am]e de Pelletot jusques dans son apartement ou il demeura avec elle jusqu'à quatre a cinq heures du matin
A dit que quand il a accompagné la d[am]e de Pelletot chez elle, il a pû rester avec la d[am]e de Pelletot une demie heure ou une heure [...] le temps d'une visite.

Si dès ce jour là, il n'a pas eû habitude avec la d[am]e de Pelletot
A dit que cela est une supposition et une calomnie.

S'il n'a pas continué de vivre en mauvais commerce avec la d[am]e de Pelletot jusquà present
A dit que c'est une suite de calomnie.

A luy remontré que ses debauches avec la d[am]e de Pelletot ont eté si publiques, que tous les gens du voisinage en ont eté temoin et les ont vû plusieurs fois dans des postures tres indecentes
A dit qu'il n'y a que des gens subjugués et mal intentionnées qui puissent deposer de pareil[le]s horreurs, comme laquais et domestique de la d[am]e de Pelletot.

Si etant un jour couché dans le meme lit que le d[am]e de Pelletot, il ne fit pas venir une fille nommée Suzanne [cf. 26 mars 1761 (1)] devant laquelle luy, repond[an]t, et lad[ite] de Pelletot montrèrent avec indecence leurs cuisses en luy demandant qui des deux les avoit plus blanches

A dit que c'est une calomnie, et que cette Suzanne est une de ses domestiques dont il a entendu parler, et contre laquelle la dame de Pelletot a rendu plainte devant le commissaire Bouquigny de differentes violentes et insultes.

Si ce n'est pas luy, repond[an]t, qui a renvoyé de chez lad[ite] de Pelletot cette servante
A dit que les insultes et violences de laditte Suzanne obligeoient la d[am]e de Pelletot à venir se refugier chez mad[am]e la duchesse de Modesne ou luy, repond[an]t, demeuroit alors avec lad[ite] son epouse, que ce n'est pas luy, repond[an]t, qui a mis dehors de chez la d[am]e de Pelletot cette servante, mais bien le s[ieu]r Rose, secretaire de M. l'envoyé de Suede.

Si ce n'est pas pendant le nuit que cette servante fut renvoyée
A dit que non et qu'il scait que lad[ite] de Pelletot donna le congé à la servante à l'hotel de Modesne sur les dix à onze heures du matin.

Pourquoy lad[ite] de Pelletot est elle venue demeurer a l'hotel de Modesne, sa servante etant une fois renvoyé[e]
A dit pour eviter les persecutions de son mary en attendant qu'elle put avoir un logement plus proche de l'hotel de Modesne, ce qu'elle a effectué au commencement du terme de Pâque et qui etoit le terme suivant, en allant se loger rue de Grenelle en face de la fontaine et d'un corps de garde pour plus de seureté de sa personne.

A luy remontré que luy même n'a pas deguisé le commerce qu'il avoit avec lad[it]e de Pelletot
A dit que c'est une calomnie.

S'il n'est pas vray qu'un jour, il se vantoit d'avoir couru quatre ou cinq postes avec lad[it]e de Pelletot pendant une nuit
A dit que c'est une calomnie qui n'est pas vraisemblable.

S'il ne s'en est pas vanté a plusieurs officiers qui souvent l'ont rencontré avec lad[it]e de Pelletot
A dit que c'est toujours une calomnie.

Depuis quel jour lad[it]e de Pelletot demeure avec luy
A dit que lors de sa deroute de chez la princesse de Modesne, il fut demeurer chez lad[it]e de Pelletot avec lad[it]e de Bragelonne et sa fille, qu'il a toujours demeuré depuis avec lad[it]e d[am]e de Pelletot, soit dans la rue de la Marche, soit dans la rue de Limoges.

Si la v[euv]e Michel [cf. 26 mars 1761 (2)] n'a pas aussy demeurée avec la d[am]e de Pelletot
A dit que cela est vray.

Si ce n'est pas luy qui avoit procuré la connoissance de la v[euv]e Michel à lad[it]e de Pelletot
A dit que c'est la dame de Bragelone son epouse.

Comment il avoit fait la connoissance de cette v[euv]e Michel
A dit qu'elle luy fut indiqué[e] par une dame de compagnie pour lad[it]e son epouse.

Qui luy a indiqué lad[ite] v[euv]e Michel
A dit qu'il ne se rappelle pas.

S'il connoit le s[ieu]r de Beausol [cf. 31 mars 1761 (1)]
Il dit qu'ouy.

S'il n'a pas diné un jour avec le s[ieu]r de Beausol, la d[am]e de Pelletot et une autre femme chez lad[ite] d[am]e de Pelletot
A dit que cela peut fort bien etre.

Si apres le diner, il ne tint pas les propos les plus scandaleux, et s'il ne dit pas qu'il falloit faire la partie quarré[e], en disant au s[ieu]r de Beausol, qu'il coucheroit avec cette autre femme dont il ventoit la blancheur et l'embonpoint, tandis que luy, repond[an]t, coucheroit avec lad[it]e de Pelletot
A dit qu'il presume que cette creature est la v[euv]e Michel et que le fait contenu en la demande n'est que l'effet de l'intelligence du s[ieu]r de Beausol avec la v[euv]e Michel et de la recrimination des plaintes rendues par luy, repond[an]t, contre lad[ite] v[euv]e Michel et de la lettre de cachet qu'il a obtenu pour la faire renfermer à l'hopital.

Avons continué le present interrogatoire au premier jour.

Lecture a persisté et signé De Bragelongne. Lenoir (AN, Y 10237, pièce 6).
L'interrogatoire du comte de Bragelongne se poursuit le 14 (cf. 14 septembre 1761 (1)).
Abréviation
  • AN : Archives nationales.
Courcelle (Olivier), « 12 septembre 1761 (1) : Les sœurs Planström : interrogatoire Bragelongne (I) », Chronologie de la vie de Clairaut (1713-1765) [En ligne], http://www.clairaut.com/n12septembre1761po1pf.html [Notice publiée le 4 mai 2009].