Alexis Clairaut (1713-1765)

Chronologie de la vie de Clairaut (1713-1765)


[c. 20 septembre 1736] (2) : Le Monnier écrit à la Lettre historique et politique.
Cette lettre est résumée à la suite de celle de Celsius (cf. [c. 20 septembre 1736] (1)) :
M. Monnier, l'un des académistes français, a aussi écrit une longue lettre latine de 8 pages, dans laquelle il marque entre autres, que pendant l'été ils ont mesuré géométriquement un grand espace du méridien, après quoi il se sont rendus à Pello, qui est une haute montagne de plus de 10 milles d'étendue, couvertes de grands sapins ; et comme cette montagne n'est pas habitée, ils ont fait construire deux loges de planches dans l'une desquelles ils ont posé un secteur dont le rayon a 12 pieds, et au moyen duquel ils peuvent mesurer exactement l'espace du ciel qui répond au terrain qu'ils ont mesuré géométriquement. M. Monnier fait ensuite une description de leur manière de vivre, des mœurs, de la religion, et des coutumes des Lapons (Lettre historique et politique, 102 (mai 1737) 599).

Elle avait été auparavant évoquée dans la Gazette d'Utrecht :
De Paris, le 18 janvier [1737] [...] On voit ici la copie d'une lettre écrite de Pello, en Laponie, par M. Le Monnier, un des académiciens envoyés par le Roi dans le Nord pour y faire des observations astronomiques. Suivant cette lettre les académiciens ont cet été mesuré géométriquement un très grand espace près du méridien. Ils se sont rendus depuis à Pello, qui est une haute montagne couverte de bois de sapin dans l'étendue de plus de dix milles. Comme elle est entièrement déserte, ils y ont fait bâtir deux petites maisons de bois, dans l'une desquelles ils ont placé un secteur de cercle de douze pieds de rayon, qui est un instrument avec lequel ils mesurent exactement l'espace du ciel qui répond au terrain qu'ils ont mesuré géométriquement. Ils passent les jours à dormir ou à chasser, et les nuits à observer le ciel. Ils se sont pourvus d'habits à la laponaise pour l'hiver. M. Le Monnier badine sur ce sujet et s'exprime en ses termes : « On rirait de voir nos académiciens vêtus en Lapons. Ils font une figure des plus comiques, si on en excepte celle des Lapons même, qui est plus que grotesque, tant par leur petitesse que par leur visage qui assurément diffère de la forme humaine. » Il fait ensuite un détail de la manière de vivre de ces peuples, de leurs mœurs et de leur religion, qui est la luthérienne. Il ajoute que du reste, ce sont de bonnes gens fort serviables. Les académiciens et les autres personnes qui sont avec eux, vivent principalement de poissons, surtout de saumons frais. Ils ont aussi des gelinottes, des coqs de bois, des canards, des lièvres et des langues de rennes. les habitants leur fournissent toutes ces provisions excellentes et à bon marché. M. Le Monnier rapporte que, dans la Laponie, on voit le soleil à minuit, huit jours devant et huit jours après le solstice d'été, et que comme cet astre, en tournant autour des terres de ce climat, sans se coucher, échauffe considérablement la masse de l'air, les académiciens ont été fort incommodés de la chaleur, qui fait éclore une multitude prodigieuse de cousins dont on peut à peine se garantir. Il dit aussi que vers l'équinoxe de l'automne, quand le soleil commence à s'éloigner du pays, les aurores boréales y sont si fréquentes qu'on y voit clair nuit et jour, et que pour l'ordinaire, quelque mouvement se fait entendre alors dans le firmament. Il finit en annonçant que les académiciens se disposent à retourner à Torneo, capitale de la Laponie. cette lettre est de huit grandes pages d'écriture (Gazette d'Utrecht, 24 janvier 1737).
Courcelle (Olivier), « [c. 20 septembre 1736] (2) : Le Monnier écrit à la Lettre historique et politique », Chronologie de la vie de Clairaut (1713-1765) [En ligne], http://www.clairaut.com/ncoc20septembre1736cfpo2pf.html [Notice publiée le 20 novembre 2007, mise à jour le 15 juin 2010].