Quelques personnes habiles dans les sciences, surtout dans la physique, s'étant souvent assemblées pour conférer sur les moyens de perfectionner les arts par le secours des lumières de l'esprit, ont donné la naissance à une société, qui est devenue considérable par le nombre de savants, d'ingénieux artistes et de goût qui la composent [cf. Chronologie SA]. Cette société que l'on connaît aujourd'hui sous le nom de Société académique des beaux-arts, ayant eu l'honneur d'obtenir de S. A. S. M. le comte de Clermont la permission de s'assembler sous sa protection, alla le 7 décembre lui en faire ses très humbles remerciements. M. le curé de S[ain]t Sulpice, l'un des membres honoraires, étant à la tête, porta la parole, et prononça ce discours :Je ressens vivement tout le poids et tout le prix de l'honneur que je reçois aujourd'hui, en présentant à V. A. S. cette société académique, connue, née, formée dans le sein de cette paroisse, et qui y a pris de si heureux accroissements.Le temple que la piété des fidèles y élève au Tout Puissant, et auquel les beaux-arts rendent à l'envi un tribut religieux en a été l'occasion naturelle.Ces savants en tous les arts, ces amateurs des grandes choses, ces génies profonds dans les forces de la nature et dans les curiosités de l'art, s'y sont souvent trouvés réunis, soit pour nous aider de leurs sages conseils, soit pour contribuer par la délicatesse de leurs goûts à l'embellissement de la maison de l'Éternel, dans l'espérance d'en obtenir une double immortalité.Cette souveraine intelligence a ouvert à ces MM. un chemin glorieux vers la durable renommée, en préparant le cœur de V. A. S. et en lui inspirant d'honorer de sa protection la société naissante.Ils se présentent à elle pour l'en remercier très humblement. Leur sincère reconnaissance les portera tous par une noble émulation à la mériter, et à contribuer à la gloire d'un si grand prince.Votre auguste sang, accoutumé à produire des héros en tous genre de vertus, et à protéger les sciences, trouvera dans leur fidèle attachement une gloire immortelle.Car, Monseigneur, si les hommes illustres qui ont cultivé les beaux-arts dans les siècles passés doivent beaucoup à la protection des César, des mécènes, des Bourbon, les César, les mécènes, les Bourbon doivent à leur amour et à leur reconnaissance cette sorte d'immortalité dont ils jouissent encore aujourd'hui ; et que V. A. S. prévenue de tant de dons précieux, se prépare pour les siècles les plus reculés (Mercure de France, décembre 1728, pp. 2893-2895).
Courcelle (Olivier), « 7 décembre 1728 (1) : Société des arts », Chronologie de la vie de Clairaut (1713-1765) [En ligne], http://www.clairaut.com/n7decembre1728po1pf.html [Notice publiée le 15 janvier 2012].