Alexis Clairaut (1713-1765)

Chronologie de la vie de Clairaut (1713-1765)


3 mars 1736 (2) : La Haye d'Anglemont (Dunkerque) écrit à [Maurepas] :
A Dunkerque le 3e mars 1736

Monseigneur,

En execution des ordres portés par la lettre dont vous m'avés honoré le 27 du mois dernier [cf. 27 février 1736 (1)], j'ay fretté un petit bastiment pour transporter à Stokho[l]m neuf maistres et cinq domestiques. J'ai fait inserer dans la charte partie, dont j'ay l'honneur de vous adresser cy joint coppie, un plus grand nombre de passagers, afin qu'au cas où il s'en trouvat davantage, cela ne souffre aucune difficulté. Je n'ay pû obtenir ce fret à moins de 1 200 #, avaries grosses et ordinaires comprises, et 100 # pour le chapeau du cap[itai]ne qui est très entendû et a fait les deux dernieres campagnes de la mer Baltique sur les vaisseaux du Roy, en qualité de pilotte pratique. Le bastiment quoi que petit a deux ponts, est bon et tres commode ; ainsy je compte qu'avec l'attention que j'auray, ces Messieurs feront ce trajet avec agrément. Il n'y a rien icy a porter a Stokholm ce bastiment y va exprès et a tres grand marché. Le proprietaire le destine pour aller ensuitte prendre un chargement a Riga.

Il ne faut pas penser a partir pour la mer Baltique avant le mois prochain, elle est encore glacée ; ainsy il suffira que ces Messieurs se rendent icy au plustost a la fin de ce mois et au plustard dans un mois, et il sera necessaire que je sois informé de leur arrivée pour leur procurer des logements convenables. A l'égard de leurs provisions et rafraichissemens, j'y pourvoiray en 24 heures, leur procureray des facilités pour les fournitures de l'iver dont ils auront besoin pour leur voyage et je leur feray prester des branles pour coucher leurs domestiques

Il n'y a point de temps a perdre pour envoyer leurs equipages par raport aux mauvais chemins. Ils trouveront au Chariot d'or rüe Greneta et au Renard rouge rue S[ain]t Denis des rouliers qui en feront le transport jusques a S[ain]t Omer sur le pied de six livres le cent pesant. Ils pouront faire adresser ces bagages au s[ieu]r P. J. du Vivier, marchand à S[ain]t Omer qui les recevra, en payera la voiture et me les envoyera icy par le canal. Je l'en previendray aussitost que l'on prendra ce party. Il sera bon qu'un domestique entendu soit a la suitte de ces equipages et qu'il soit porteur d'un acquit des droits des fermes et d'un ordre pour eviter la visitte sur la routte.

Sy vous agreés, Monseigneur, ou sy vous desapprouvés les conditions de cette charte partie, je vous supplie d'avoir la bonté de me le faire sçavoir sur le champ, n'ayant que jusques au 13 de ce mois pour m'en desister au cas qu'elle ne convienne point.

Le propriétaire de ce bastiment croit que ces passagers sont des officiers suédois qui s'en retournent ches eux. On ignore, Monseigneur, que ce soit par vos ordres que j'ay fretté ce bastiment.

Je suis avec un tres profond respect, Monseigneur, votre tres humble et tres obeissant serviteur de la Haye d'Anglemont (AN, mar, B3, 374, ff. 14-15).
Joint à la lettre précédente se trouve :
Affrètement d'un navire pour Stockholm Je soussigné Frédéric Drieux, négociant en cette ville armateur du navire nommé le Prudent, de quatre-vingt tonneaux ou environ, commandé par le capitaine François Bernard, actuellement en ce port de Dunkerque, reconnais avoir fretté ledit navire le Prudent à vous Monsieur de La Haye d'Anglemont, commissaire ordonnateur de la marine en ce dit port, pour aller en droite route au port de Stockholm, capitale de Suède, pour y transporter jusqu'à la quantité de vingt personnes, avec tous leurs bagages, équipages et ballots en telle quantité qu'ils puissent être, promettant faire faire les cabines nécessaires pour y coucher dix maîtres qui se fourniront de leur literie nécessaires, et à l'égard des domestiques ils se coucheront dans les branles [hamac, ex. branle-bas-le combat : décrocher les hamacs pour libérer l'entrepont NDE] que leurs maîtres feront embarquer, tous lesquels passagers se pourvoiront des vivres qui leurs seront nécessaires pour ledit voyage, m'obligeant seulement de leur fournir par ledit capitaine le bois, le charbon, et l'eau dont ils auront besoin, pour tout quoi il me sera payé par Monditsieur de La Haye d'Anglemont, la somme de douze cent livres, argent de France, sans aucunes avaries ordinaires ou extraordinaires, et en outre la somme de cent livres audit capitaine Bernard pour son chapeau, lesquels payments se feront ici sur la première nouvelle de l'arrivée dudit navire le Prudent à Stockholm, lequel je m'oblige de faire mettre en bon état et muni d'un équipage convenable pour partir de ce port dans les premiers jours du mois d'avril prochain attendu que la mer Baltique n'est pas encore pratiquable et ne pourra l'être tout au plus que vers ledit temps, ledit capitaine Bernard cèdera sa chambre entier auxdits passagers, lesquels conditions ledit sieur de La Haye d'Anglemont a acceptées et promet de les exécuter en ce qui le regarde, pourvu que dans dix jours il n'ait pas d'ordres contraires auquel cas le présent se trouverait nul ; fait double à Dunkerque le troisième jour de mars 1736, quelques passagers de plus ou de moins ne feront rien à la présente convention. Signé Frédéric Drieux et de La Haye d'Anglemont [AN, marine, B3 374, f. 16] (Martin 87, p. 31).

Maurepas donne son accord aux propositions de La Haye d'Anglemont le 6 mars (cf. 6 mars 1736 (1)).
Abréviations
  • AN : Archives nationales.
  • NDE : Note de l'éditeur.
Référence
Courcelle (Olivier), « 3 mars 1736 (2) : La Haye d'Anglemont (Dunkerque) écrit à [Maurepas] », Chronologie de la vie de Clairaut (1713-1765) [En ligne], http://www.clairaut.com/n3mars1736po2pf.html [Notice publiée le 23 août 2007, mise à jour le 13 mai 2009].