M[essieu]rs Clairaut et Camus ayant été nommés par l'Academie [cf. 23 décembre 1741 (1)] pour éxaminer une lettre de M[onsieu]r l'abbé de Gua de Malves sur les inondations de la riviere d'Isere à Grenoble : et M[onsei]g[neu]r le duc d'Orleans ayant souhaité que je fusse adjoint à cet éxamen, nous en avons lu le rapport suivant. [En marge] Rapport Inondation de l'Isere Nous avons éxaminé par ordre de l'Academie un mémoire qui a pour titre, Lettre de M[onsieu]r l'abbé de Gua de Malves, de l'Académie des sciences, à M[onsieu]r de Mathas secretaire des commandemens de M[onsei]g[neu]r le duc d'Orleans, sur les moyens de preserver la ville de Grenoble et le Gresivaudan des effets pernicieux des inondations de l'Isere. Cet ouvrage a principalement quatre objets. 1°. L'auteur éxamine un mémoire presenté à M[onsei]g[neu]r le duc d'Orleans, contre le projet d'un canal qu'on propose de construire près de Grenoble pour garantir cette ville des inondations de l'Isere. M[onsieu]r l'abbé de Gua réfute ce mémoire par plusieurs raisons qui paroissent justes, et dans le détails desquelles nous nous dispenserons d'entrer ici, pour passer aux autres articles qui sont d'une plus grande importance. 2°. Le mémoire dont nous venons de parler donne occasion à M[onsieu]r l'abbé de Gua d'entrer dans l'éxamen des differents moyens qui ont été proposés jusqu'ici pour mesurer les vitesses des rivieres : il paroît avoir lu avec beaucoup de soin et d'exactitude tout ce qui a été écrit sur le mouvement des eaux coulantes par les geometres italiens qui ont surtout été dans la necessité de s'y appliquer plus que tous les autres, et qui ont joint par cette raison la théorie à la pratique. Il fait l'éxamen des instrument dont on s'est servi jusques à present pour mesurer les vitesses des courants ; et le choix auquel il s'arreste nous paroît fondé sur des raisons très solides. 3°. L'auteur propose dans la seconde partie de son ouvrage quelques objections contre le projet du canal : celle qui nous a le plus frappé, c'est qu'il prétend que ce canal ne pourroit servir tout au plus qu'à diminuer le vitesse de l'Isere près de Grenoble, mais il ne résulteroit point de sa construction, que la surface des eaux dans les inondations fut beaucoup plus basse aux environs de cette ville. D'où M. l'abbé de Gua conclut que s'il est d'autres moyens pour preserver Grenoble des inondations, il meritent d'être préférés au projet en question. Ce sont de pareils moyens qui font le sujet de la [troisi]eme partie de son ouvrage, et dont il nous reste à parler en [quatri]eme lieu. L'auteur après avoir averti que cette matiere est extremement délicate, et sujette à beaucoup de difficultés, se propose 1° de prouver qu'en augmentant la vitesse d'une riviere quelconque, sa surface doit s'abaisser, et il le prouve par deux raisons differentes que nous ne rapporterons point ici. 2.° de donner les moyens les plus propres pour augmenter la vitesse de l'Isere. Il en donne en effet sept généraux ; mais il ne prétend pas déterminer quels seraient ceux auxquels il faudroit s'arrêster dans le cas dont il est question. C'est une chose qui demanderoit qu'il eut été sur les lieux et nous croyons qu'il seroit très utile qu'il les eut vus par lui même. Quand au détail de ces sept moyens nous nous contenterons de dire que M[onsieu]r l'abbé de Gua les rend en général très plausibles par differentes experiences faites en Italie dont la recherche ne peut être que le fruit de beaucoup de lectures, et beaucoup de reflexions, quoique quelques uns de ces moyens paroissent paradoxe. Tout cet ouvrage montre que M. l'abbé de Gua a beaucoup de connoissance et de capacité sur la matiere qu'il a entrepris de traiter. Dont j'ai delivré le certificat le 6e (PV 1742, pp. 47-48).
Abréviation
PV : Procès-Verbaux, Archives de l'Académie des sciences, Paris.
Courcelle (Olivier), « 3 février 1742 (1) : Clairaut rapporteur », Chronologie de la vie de Clairaut (1713-1765) [En ligne], http://www.clairaut.com/n3fevrier1742po1pf.html [Notice publiée le 20 décembre 2009].
