29 juillet 1790 (1) : Les sœurs Planström : mort de Christine :
Ce jourd'hui vingt neuf juillet de la presente annee mil sept cent quatre vingt dix, est decedée mademoiselle [rayé : Marguerite] Christine Margueritte Plastrom [Planström] de Pillendy [Peinlandy, Painlandy] née en suède et agée de soixante quatorze ans ou environ, laquelle a eté inhumée dans le cimmetiere de l'abbaye du Tresor Notre-Dame apres la grande messe par nous solennellement celebrée en presence de dame madame de Ganges, abbesse de laditte abbaye du Tresor, de sa communauté, de monsieur le curé d'Ecos et autres temoins avec nous directeur de la ditte abbaye soussignés. Le lendemain trente du susdit mois et an. S[œu]r de Ganges abbesse du Tresor [signé] Ganges, Trissan Le Gendre curé d'Ecos, Goubert, Lepousé d[irecteu]r du Tresor (AD Eure, 1 J 394, 29 juillet 1790).
Ce registre, qui couvre la période du 22 juin 1786 au 23 avril 1792, mentionne les décès de Michèle Le Comte, religieuse de choeur (22 juin 1786), Geneviève Fostier, religieuse (4 juillet 1787), Prospère Colombe Carlet de Marivaux, religieuse de choeur (16 mars 1788), Ursule Benieres, religieuse (6 septembre 1789), Marie Le Roux, religieuse converse (30 janvier 1790), Geneviève Fournier, prieure, professe et religieuse (17 février 1790), Anne Larché, religieuse converse (9 novembre 1791), [Marie] Madelaine Joseph Joigny Blondel de Bellebrune, religieuse de choeur (23 avril 1792). Marguerite Planström est la seule de ce registre dont la qualité de religieuse n'est pas mentionnée, et la seule qui n'est pas inhumé dans le « caveau » mais au cimetière, elle devait donc être simple pensionnaire. Un autre registre mortuaire (1750-1765) permet de précier l'identité des résidants de l'abbaye : Martin Lecoq, chapelain de l'abbaye a été inhumé le 2 juin 1750 ; Jacques Duquesnay, 70 ans, chapelain le 3 mai 1752, en présence de Jacques Duquesnay son neveu également chapelain de l'abbaye ; Jacques Anette, 75 ans, prêtre chapelain de l'abbaye, le 24 février 1755 ; [Jeanne ?] Laplanche, converse, le 20 février 1758, en présence du père Toussaint de la Haye, chapelain ; le 28 février décède Françoise [de la Rue de Gournay ?], religieuse de choeur, 73 ans ; le 23 juin Dom Claude Rouhier, confesseur, 63 ans ; le 14 août 1758, Marthe [...] de Bernon, religieuse de choeur ; le 25 décembre 1758 est décédée Agnes Bigot de [Lescure ?], religieuse de choeur, 68 ans ; le 31 mai 1759 est décédée Francoise [Klu ?], converse, 82 ans ; le 18 octobre 1761, Ursule d'Alègre, abbesse, 55 ans ; le 29 décembre 1762 est décédée Anne Agathe d'Hérouville, religieuse de choeur, 36 ans ; présence de Jacques Louis Bailly ; le 15 mars 1763 est décédée Marie Elisabeth de Compson, religieuse de choeur, 88 ans, présence de Dom Charles Garaudi ; le 29 février 1764 est décédé [Desguillaume ?] de la Villette de Montreuil, dit de Beauvais, religieuse de choeur, 31 ans ; le 17 mars 1764 est décédé Nicolas Housse, confesseur, 70 ans ; le 9 avril 1764 est décédée Marguerite Blondel, veuve du nommé Pantin, 78 ans, pensionnaire, inhumée dans le [préhaut du cloître ?] de l'abbaye ; le 21 septembre 1764 est décédée Anne Cécile de [Bourg ?], religieuse du Saint Sacrement, 88 ans ; le 26 novembre 1764 est décédée Charlote de [Vieilmaison ?], pensionnaire, 78 ans, inhumée dans l'église de l'abbaye ; frère Charles de Garaudi est directeur du Trésor en 1765 (AD Eure, H 1726). Anne Suzanne Le Trotteur, veuve habitant à Saint-Germain en Laye, est entrée à l'abbaye le 12 juin 1770 à l'âge de vingt sept ans (AD Eure, H 1726). Le 6 octobre 1774, à l'occasion d'un emprunt, sont listées : Jeanne Marie de Damian du Vernegue, abbesse, Jeanne Geneviève Fournier prieure, Marguerite Geneviève Mailliet, Marie Madeleine Joigny de Bellebrune, Marie Madeleine Lemetayer, Michelle Lecomte, Perette Godinot, Marguerite Ursule Deslandes, Cezille [Cécile] Makanna, Colombe Prosper[e] Marivaux, Catherine Charlotte [Basire,] Madelaine Toustaint Defultot, Louise Henriette Le Boulleur, Anne Suzanne Le Trotteur, Emilie Vedastine Leturgez, dames de choeur, et Marie Madeleine Joseph Clerambaux (AD Eure, H 1411). Le 25 août 1790, la liste exhaustive des 23 religieuses s'établit ainsi : Marie de Vissec de Ganges, abesse de la maison, professe, 55 ans, Marie Marguerite Ursule de Boutteant Deslandes, prieure et professe, 72 ans, Louise Henriette Le Boulleur, professe, 55 ans, Madeleine Joseph Joigny de Bellebrune, professe, 87 ans, Marie Madeleine Lemetayer, professe, 86 ans et 3 mois, Louise Cecile de Makanna, professe, 71 ans, Charlotte Catherine Basire, professe, 62 ans, [Marie Madeleine Joseph] Clerambaux, professe, 50 ans, Anne Suzanne Le Trotteur, professe, 47 ans et 8 mois, [Vedastine] Emilie Leturgey, professe, 44 ans, Philippine Josephe Hillemest, professe, 46 ans, Marie Anne François Lacquet, professe, 34 ans, Marie Constance Briault, professe, 34 ans, Jeanne Catherine Caly, professe, 35 ans, Louise Marie Marguerite Bailleul, professe, 27 ans, Aldegonde Honorée Iseberg Charost, novice, 27 ans, Marie Laure [Bernette ?], converse, ne sait pas signer, 70 ans, Marie Anne Larcher, converse, 50 ans, Geneviève Larcher, converse, 60 ans, Marie Catherine [Dareme], converse, 37 ans, Marie Thérèse Fontaine, converse, 37 ans, Anne Larcher, converse, 86 ans, Gabrielle [Joseph ?] Parichon, professe, 62 ans, dans sa famille à cause de ses infirmités mais à la charge de la communauté (AD Eure, Q 337, 25 août 1790). Cette liste a été dressée à l'occasion d'un inventaire qui précise que : Nous ont declaré lesdittes dames abesse et religieuses qu'elles font valloir, et qu'en conséquence elles ont pour l'exploitation de leur ferme neuf chevaux, dix sept vaches, cent soixante moutons, vingt six tonnes, ou tonneaux soit à cidre, soit à vin, deux petites cuves à cidre, voitures charuës et autres instrumens aratoires. L'abbaye consiste en divers bastimens abbatiaux et conventuels, eglise, dans laquelle est un orgue, cour jardin, granges, ecuries, charetrie, moulin hors de service, un pressoir, promenade, le tout enfermé de murs et contenant environ cinquante arpens en toutes especes de culture, et bois. Nous ont declaré lesdittes dames abesse et religieuses que leur revenu tant en faire valloir que fermages, bois, [...] tant en orge qu'en grains, et vin, se monte année commune à dix neuf mille deux cens livres. Nous ont aussi declaré qu'elles sont grevées de soixante et onze livres treize sols de rentes en diferentes parties [La bibliothèque contient trois cens livres de dévotion ; selon les livres de comptes, pour les années 1787 et 1788, la dépense a excédé la recette de 7 903 livres 4 sols et 8 deniers] Avons constaté que la maison pouvoit contenir trente six religieuses tant dame de choeur que converses, en faisant des reparations à quelques cellules (AD Eure, Q 337, 25 août 1790). Marie-Jeanne Vissec de Granges [Ganges !] fut la 33e et dernière abbesse de l'abbaye du Trésor. Arrivée en 1779, elle fut forcée de quitter le couvent le 1er mai 1792, et se retira au Petit-Andely ou elle vivait encore en 1802 (AD Eure, 1 J 394). Les cloches furent descendues le 12 octobre 1792 et les biens de l'abbaye du Trésors vendus entre le 19 et 29 mars 1793 (AD Eure, Q 337). [Entre 1654 et 1676], Pierre Henry abbé de Clairvaux, laisse aux cinquante sept religieuses, deux novices et vingt converse sous la conduite de l'abbesse Adrienne de Courtit, des ordonnances, dont : Les matines se formeront les jours solennels et austres festes selon la coutume, et les jours ordinaires [se formeront à] quatre heures et les complies a six en hyver et en esté a sept (AD Eure, 2 F 2416). En 1723 : Nous frere Robert Gassot, abbé de Clairvaux, au diocèse de Langres, premier père de l'ordre des Citeaux [...] ce jourd'huy dix sept juillet mil sept cent vingt trois [...] nous avons crû devoir faire les ordonnances qui suivent […] L'office divin estant nommé par excellence, l'oeuvre de Dieu, on ne peut ÿ apporter trop de ferveur, et de modestie, trop d'assiduité et d'attention, nous avons remarquez qu'on s'en s'absentoit trop facilement, nous exhortons et ordonnons a nos cheres filles de s'y rendre plus assidues et de ne point s'en absenter sans raison, et sans permission. […] Toute action devant estre determinée dans la maison de Dieu, nous ordonnons qu'excepté les jeunes d'eglise, on dinera a onze heures, et on soupera ou collationera a cinq heures et demie, et afin que l'ame se repose en mesme temps que le corps la lecture se faira pendant tout le repas, nous laissons a la quieté et prudence de madame l'abesse le choix des livres pour cette lecture. […] Nous ordonnons, suivant le bref de nostre S[ain]t Pere le pape Alexandre VII, l'abstinence de la viande les lundÿ et mercredÿ de l'année, les temps de l'avent, de la septuagesime, et quinquagesime tant dehors qu'en dedans, que l'on ne permetera jamais de rompre aux religieuses en santé, ni au pere confesseur, pas mesme aux hostes, si par hazard il s'en trouvoit dans cette maison. […] L'eglise, le dortoir et le refectoir[e] ayant eté de tout temps dans nostre ordre des lieux respectables, nous ordonnons a toutes de garder le silence, et leur defendons d'entrer dans les chambres des unes et des autres, et d'aller a la cuisine, a l'exception des meres depensieres, defendons pareillement au pere confesseur d'entrer dans l'interieur de la maison que pour les fonctions de son ministere. […] La chasteté n'ayant point de bornes puisqu'elle doit s'etendre jusqu'aux moindres signes, quoy que nous soyons persuadés qu'il ne se passe rien dans cette maison contre la pudeur, et qui puisse donner atteinte au moindre soupçon, mais recommandons a nos cheres filles de fuir la compagnie des hommes autant que la bienseance n'y est point opposée, et si la necessité et le devoir requierent de converser avec eux, que ce ne soit que dans les parloirs avec la reserve et la modestie religieuse (AD Eure, H 1416).
Abréviation
AD : Archives départementales.
Courcelle (Olivier), « 29 juillet 1790 (1) : Les sœurs Planström : mort de Christine », Chronologie de la vie de Clairaut (1713-1765) [En ligne], http://www.clairaut.com/n29juillet1790po1pf.html [Notice publiée le 24 avril 2013].
Nous ont declaré lesdittes dames abesse et religieuses qu'elles font valloir, et qu'en conséquence elles ont pour l'exploitation de leur ferme neuf chevaux, dix sept vaches, cent soixante moutons, vingt six tonnes, ou tonneaux soit à cidre, soit à vin, deux petites cuves à cidre, voitures charuës et autres instrumens aratoires.
L'abbaye consiste en divers bastimens abbatiaux et conventuels, eglise, dans laquelle est un orgue, cour jardin, granges, ecuries, charetrie, moulin hors de service, un pressoir, promenade, le tout enfermé de murs et contenant environ cinquante arpens en toutes especes de culture, et bois. Nous ont declaré lesdittes dames abesse et religieuses que leur revenu tant en faire valloir que fermages, bois, [...] tant en orge qu'en grains, et vin, se monte année commune à dix neuf mille deux cens livres.
Nous ont aussi declaré qu'elles sont grevées de soixante et onze livres treize sols de rentes en diferentes parties
[La bibliothèque contient trois cens livres de dévotion ; selon les livres de comptes, pour les années 1787 et 1788, la dépense a excédé la recette de 7 903 livres 4 sols et 8 deniers]
Avons constaté que la maison pouvoit contenir trente six religieuses tant dame de choeur que converses, en faisant des reparations à quelques cellules (AD Eure, Q 337, 25 août 1790). Marie-Jeanne Vissec de Granges [Ganges !] fut la 33e et dernière abbesse de l'abbaye du Trésor. Arrivée en 1779, elle fut forcée de quitter le couvent le 1er mai 1792, et se retira au Petit-Andely ou elle vivait encore en 1802 (AD Eure, 1 J 394). Les cloches furent descendues le 12 octobre 1792 et les biens de l'abbaye du Trésors vendus entre le 19 et 29 mars 1793 (AD Eure, Q 337). [Entre 1654 et 1676], Pierre Henry abbé de Clairvaux, laisse aux cinquante sept religieuses, deux novices et vingt converse sous la conduite de l'abbesse Adrienne de Courtit, des ordonnances, dont :
Les matines se formeront les jours solennels et austres festes selon la coutume, et les jours ordinaires [se formeront à] quatre heures et les complies a six en hyver et en esté a sept (AD Eure, 2 F 2416). En 1723 :
Nous frere Robert Gassot, abbé de Clairvaux, au diocèse de Langres, premier père de l'ordre des Citeaux [...] ce jourd'huy dix sept juillet mil sept cent vingt trois [...] nous avons crû devoir faire les ordonnances qui suivent […]
L'office divin estant nommé par excellence, l'oeuvre de Dieu, on ne peut ÿ apporter trop de ferveur, et de modestie, trop d'assiduité et d'attention, nous avons remarquez qu'on s'en s'absentoit trop facilement, nous exhortons et ordonnons a nos cheres filles de s'y rendre plus assidues et de ne point s'en absenter sans raison, et sans permission.
[…]
Toute action devant estre determinée dans la maison de Dieu, nous ordonnons qu'excepté les jeunes d'eglise, on dinera a onze heures, et on soupera ou collationera a cinq heures et demie, et afin que l'ame se repose en mesme temps que le corps la lecture se faira pendant tout le repas, nous laissons a la quieté et prudence de madame l'abesse le choix des livres pour cette lecture.
[…]
Nous ordonnons, suivant le bref de nostre S[ain]t Pere le pape Alexandre VII, l'abstinence de la viande les lundÿ et mercredÿ de l'année, les temps de l'avent, de la septuagesime, et quinquagesime tant dehors qu'en dedans, que l'on ne permetera jamais de rompre aux religieuses en santé, ni au pere confesseur, pas mesme aux hostes, si par hazard il s'en trouvoit dans cette maison.
[…]
L'eglise, le dortoir et le refectoir[e] ayant eté de tout temps dans nostre ordre des lieux respectables, nous ordonnons a toutes de garder le silence, et leur defendons d'entrer dans les chambres des unes et des autres, et d'aller a la cuisine, a l'exception des meres depensieres, defendons pareillement au pere confesseur d'entrer dans l'interieur de la maison que pour les fonctions de son ministere.
[…]
La chasteté n'ayant point de bornes puisqu'elle doit s'etendre jusqu'aux moindres signes, quoy que nous soyons persuadés qu'il ne se passe rien dans cette maison contre la pudeur, et qui puisse donner atteinte au moindre soupçon, mais recommandons a nos cheres filles de fuir la compagnie des hommes autant que la bienseance n'y est point opposée, et si la necessité et le devoir requierent de converser avec eux, que ce ne soit que dans les parloirs avec la reserve et la modestie religieuse (AD Eure, H 1416).