Épitre à MM. de Maupertuis, Clairaut et Le Camus, géomètres de l'Académie royale des sciences, sur leur voyage dans le Nord, avec des remarques sur la figure et l'étendue de la Terre, par M. le Comte de Bièvre.Remarques sur la figure et l'étendue de la Terre. [...] L'autre compagnie n'est partie pour le Nord que le 20 avril dernier. Ce sont aussi trois académiciens qui la forment, sçavoir, Messieurs de Maupertuis, Clairaut et Le Camus, sublimes géomètres. Ils sont accompagnés par M. l'abbé Hontier [Outhier], le Monnier, habiles astronomes, et par M. Algarotti [non !], italien, qui à l'âge de vingt-quatre ans est déjà regardé comme un bon poète, un bon philosophe, et un sçavant [Avertissement de la tragédie de la Mort de César par M. de Voltaire NDA]. Ces Messieurs se sont embarqués à Dunkerque sur un vaisseau qui y a été équipé par ordre de Sa Majesté, pour les transporter à Stockholm, d'où ils doivent se rendre à Torno, ville de Laponie sous le cercle polaire. [...] Je suis surpris que nos poètes aient gardé jusqu'à présent le silence sur un évènement aussi grand que celui de ces deux voyages. Pour moi, qui n'ai aucun rang sur le Parnasse, si j'adresse un épître aux sçavans académiciens qui sont partis pour le Nord, c'est seulement pour donner une preuve de mon zèle, et réveiller l'attention des maîtres en poésie.Épitre à Messieurs de Maupertuis, Clairaut et Le Camus sur leur voyage dans le Nord. Illustres possesseurs du sublime génie, En quels lieux étrangers vous conduit Uranie ! D'un sçavant équipage on remplit les vaisseaux, Serait-ce pour montrer à des peuples nouveaux L'usage du compas et des mathématiques ? Qu'entends-je ? Vous courrez vers les climats arctiques Pour mesurer la Terre, et tracer aux mortels Sa figure inconnue, et ses degrés réels. Je vous vois arriver sous le cercle polaire ; Commençant un projet qui semble téméraire. Je vous vois arpenter ces froides régions, Et par vos doctes faits étonner les Lapons. Pour sçavoir dans les corps la force [C'est la pesanteur NDA] qui les presse, Du pendule agité vous marquez la vitesse. Attentif aux trésors qui naissent en ces lieux, Des secrets naturels rien n'échappe à vos yeux. Que ces travaux sont grands, et qu'ils nous sont utiles ! La carte est sans erreur, les mers sont plus dociles. Reparais Cassini, Newton sors du tombeau, Et soyez les témoins d'un spectacle si beau. Pour nous, pour l'avenir ce temps est plein de charmes, On y voit triompher la science et nos armes. Quels regards l'Univers va porter sur Louis ; Joignant, quand il le veut, les lauriers à ses lys, Il préfère la paix aux faveurs de Bellône : Un prince si clément était digne du trône. Allez donc sous ses lois, sçavans observateurs ; Revenez sans péril dissiper nos erreurs. Vous serez pour toujours au temple de mémoire ; Ce globe mesuré vaut bien une victoire. Le Conte de Bièvre De Paris le premier juillet 1736 (Le Conte de Bièvre 36).
Le 3 février 1758, Le Conte de Bièvre (Romorantin) écrira à Bouguer : Monsieur, j'ai été aussi surpris que vous avez pu l'être de voir dans le supplément à la France littéraire pour l'année 1757 [(La Porte 57), p. 279] que l'on m'attribuait l'Examen désinteressé des differents ouvrages qui ont été faits pour déterminer la figure de la Terre |(Maupertuis 38c)] [...]. Lorsque cet examen parut en 1738, je crus, comme bien d'autres, y reconnaître le style ingénieux de M. de Maupertuis. [...] La personne qui m'a fait insérer dans la France littéraire a, sans doute, confondu l'ouvrage de M. de Maupertuis, qui mérite néanmoins d'être bien distingué, avec un petit mémoire sur la grandeur de la figure de la Terre qui précédait un Epitre en vers que j'adressais a MM. les académiciens qui partaient pour le Nord. Je ne fis tirer de ce mémoire que quelques exemplaires pour les distribuer à mes amis, et cependant Prault libraire fit insérer le tout en 1737 dans le Glaneur français. J'ai corrigé moi-même cette erreur de la France littéraire dans un ouvrage que je n'ai pas encore achevé et qui aura pour titre Histoire critique de la grandeur et de la figure de la Terre. Ce sont des recherches raisonnées qui ont pour objet tous les systèmes qui ont paru, les opérations qui ont été faites et les ouvrages qui ont été donnés sur cette matière dans tous les temps et chez toutes les nations (BOP, Ms 1029a).
Abréviations
BOP : Bibliothèque de l'Observatoire de Paris, Paris.
NDA : Note de l'auteur.
Références
La Porte (Joseph de), La France littéraire [...] pour l'année 1757, Paris, 1757.
Le Conte de Bièvre (Jean-Joseph-François), « Épitre à MM. de Maupertuis, Clairaut et Le Camus », Le Glaneur françois, 2 (1736) 251-264.
Maupertuis (Pierre-Louis Moreau de), Examen désintéressé des différens ouvrages qui ont été faits pour déterminer la figure de la Terre, Oldenbourg, 1738 [11 février 1741 (3)] [Plus].
Courcelle (Olivier), « 1 juillet 1736 (1) : Clairaut en vers », Chronologie de la vie de Clairaut (1713-1765) [En ligne], http://www.clairaut.com/n1juillet1736po1pf.html [Notice publiée le 4 février 2008].
Monsieur, j'ai été aussi surpris que vous avez pu l'être de voir dans le supplément à la France littéraire pour l'année 1757 [(La Porte 57), p. 279] que l'on m'attribuait l'Examen désinteressé des differents ouvrages qui ont été faits pour déterminer la figure de la Terre |(Maupertuis 38c)] [...]. Lorsque cet examen parut en 1738, je crus, comme bien d'autres, y reconnaître le style ingénieux de M. de Maupertuis. [...] La personne qui m'a fait insérer dans la France littéraire a, sans doute, confondu l'ouvrage de M. de Maupertuis, qui mérite néanmoins d'être bien distingué, avec un petit mémoire sur la grandeur de la figure de la Terre qui précédait un Epitre en vers que j'adressais a MM. les académiciens qui partaient pour le Nord. Je ne fis tirer de ce mémoire que quelques exemplaires pour les distribuer à mes amis, et cependant Prault libraire fit insérer le tout en 1737 dans le Glaneur français. J'ai corrigé moi-même cette erreur de la France littéraire dans un ouvrage que je n'ai pas encore achevé et qui aura pour titre Histoire critique de la grandeur et de la figure de la Terre. Ce sont des recherches raisonnées qui ont pour objet tous les systèmes qui ont paru, les opérations qui ont été faites et les ouvrages qui ont été donnés sur cette matière dans tous les temps et chez toutes les nations (BOP, Ms 1029a).