[Lu en 1764] Après avoir déjà plusieurs fois traité de cette matière, je me vois obligé d'y revenir par les découvertes surprenantes qu'on vient de faire sur la nature du verre et de ses différentes espèces. Je n'ai pas honte d'avouer franchement, que les premières nouvelles qui en ont été publiées, me parurent trop suspectes, et même trop contraires aux principes les mieux établis, pour que j'aie pu y ajouter foi. Qu'il y ait deux espèces de verre, où la réfraction des rayons moyens serait à peu près la même, pendant que celle des extrêmes différeraient très énormément, cela me parut choquer le bon sens. Peut-être ne me serais-je jamais rendu aux preuves, que Mr Dollond a produite pour soutenir cet étrange phénomène, si M. Clairaut, qui d'abord n'en devait pas être moins surpris, ne m'avait très positivement assuré, que les expériences de Mr Dollond n'étaient que trop bien fondées [cf. 6 janvier 1764 (1)]. Mais enfin les expériences que M. Zeiher vient de faire à Pétersbourg ont achevé de me ramener de ma prévention, cet habile physicien ayant incontestablement prouvé que c'est le plomb dont on se sert dans quelques compositions du verre, qui y produit cette bizarre qualité d'augmenter la dispersion des rayons sans changer sensiblement la réfraction des moyens. Et en augmentant la quantité de plomb dans la mixture, il est même parvenu à composer un verre qui produit encore une plus grande dispersion que le flint-glass de Mr Dollond (Euler 66a).
Référence
Euler (Leonhard), « Construction des objectifs composés de deux différentes sortes de verre qui ne produisent aucune confusion, ni par leur ouverture, ni par la différente réfrangibilité des rayons, avec la manière la plus avantageuse d'en faire des lunettes », Histoire de l'Académie royale des sciences et des belles-lettres de Berlin, 22 (1766) 119-170 [Télécharger].
Courcelle (Olivier), « 1764 (2) : À Berlin », Chronologie de la vie de Clairaut (1713-1765) [En ligne], http://www.clairaut.com/n1764po2pf.html [Notice publiée le 1 avril 2013].