Il me paraît que [Lalande] avait un grand désir de savoir à laquelle des deux théories, ou de celle de M. Clairaut, ou de celle de M. Euler, il faut s'en tenir ; car, dès le mois de juillet dernier, sans me prévenir qu'il vous eût écrit, il me pria d'examiner cette matière, ce que je fis dans un petit mémoire que le lus à l'Académie vers le milieu du même mois, sans intention de le faire imprimer. Je le remis à cet astronome pour le communiquer à MM. Euler et Lexell, afin qu'ils se corigeassent eux-même, s'ils trouvaient mes observations justes. J'y remarque comme vous la faute commise en prenant V avec un signe contraire à celui qu'il doit avoir ; mais il y a d'ailleurs dans l'analyse d'Euler une faute plus essentielle, qui ne vous sera sans doute pas échappée, et qui consiste en ce que la formule de ce grand géomètre pour déterminer les perturbations de la Terre par l'action de Vénus renferme non seulement des termes proportionnels au temps et au sinus de l'angle d'élongation de Vénus à la Terre et des multiples de cet angle, mais encore un terme proportionnel au sinus du moyen mouvement de la Terre, et qui se confond par conséquent avec l'équation du centre. J'ai donné dans mon petit mémoire le moyen d'établir ce terme, et je n'ai point douté qu'en retranchant ses valeurs des perturbations correspondantes trouvées par le formule de M. Euler, on parvint à un résultat conforme à celui de Clairaut. M. Lexel, à qui M. Euler avait communiqué mon mémoire, a répondu dans une lettre datée du 4 octobre, qu'ayant refait de nouveau, et conformément à mes remarques, tout le calcul des perturbations, il était parvenu à des résultats entièrement conformes à ceux de M. Clairaut (Lagrange 67-92, vol. 14, pp. 121-122).
Courcelle (Olivier), « 10 février 1783 (1) : Laplace écrit à Lagrange », Chronologie de la vie de Clairaut (1713-1765) [En ligne], http://www.clairaut.com/n10fevrier1783po1pf.html [Notice publiée le 26 avril 2013].