M[essieu]rs du Fay et Clairaut ont parlé ainsi en reponse d'une lettre de M[onsieu]r Vergile du 18. Nous avons lû par ordre de l'Académie la seconde lettre de M[onsieu]r Vergile en datte du 18 de ce mois, il demande sur quelles expériences l'Académie est fondée pour croire que l'eau n'est pas compressible, il dit que M[onsieu]r Cassini et M[onsieu]r Pitot en conferant avec luy, ont supposé non seulement la compressibilité, mais la compression effective de l'eau ; enfin il ajoute que M[onsieu]r Mariotte dit que l'eau et les autres liqueurs se dilatent par la chaleur et se condensent par un froid mediocre. Il est aise de voir que M[onsieu]r Vergile confond la condensation avec la compression, ce qui est fort different, Toutes les experiences prouvent que les liqueurs sont condensables par le froid et dilatable par le chaud, mais elle ne sont pas pour cela compressibles. Les experiences faites premierement dans l'Acad[émi]e de Florence et depuis en beaucoup d'autres endroits, prouvent que l'eau n'est pas sensiblement compressible ; on a fait un vase spherique de métal, on l'a rempli d'eau par un petit trou qu'on a bouché ensuite en le fondant exactement, on a frappé le vase avec un marteau pour le bossuer, ou l'applatir, et diminuer par ce moyen sa capacité, l'eau plutôt que d'être resserrée, ou comprimée, s'est fait jour à travers les pores du métal, et a paru comme une rosée à sa surface exterieure ; c'est sur de pareilles experiences, qu'on a conclu avec raison que l'eau n'etoit pas sensiblement compressible, quoi que la moindre chaleur, et le moindre froid suffisent pour la dilater, ou la condenser (PV 1739, f. 116).
Du Fay et Clairaut avaient donné un premier rapport le 29 avril (cf. 29 avril 1739 (1)).
Abréviation
PV : Procès-Verbaux, Archives de l'Académie des sciences, Paris.
Courcelle (Olivier), « 30 mai 1739 (1) : Clairaut rapporteur », Chronologie de la vie de Clairaut (1713-1765) [En ligne], http://www.clairaut.com/n30mai1739po1pf.html [Notice publiée le 3 août 2009].
